Musée Draï Eechelen

Musée Draï Eechelen

5, Park Dräi Eechelen L-1499 Luxembourg

Heures d'ouvertures Lundi : fermé Mardi - Dimanche : 10h - 18h Mercredi : 10h - 20h Tél : (+352) 26 43 35

https://m3e.public.lu/fr.html

La Cité transparente – Yann Tonnar



Entre 1828 et 1829 sont éditées et commercialisées au Luxembourg les 9 lithographies de la série « Vues de Luxembourg » : six dessins qui ont été réalisés par Jean-Baptiste Fresez (1800-1867) et trois autres par son élève Jean-Nicolas Bernard (1803-1866). Destinées à l’origine aux bourgeois aisés et aux officiers prussiens comme souvenirs, ces images ont progressivement acquis une dimension nostalgique, voire romantique. Elles évoquent un Luxembourg d’antan, celui du temps de la forteresse, et se sont inscrites dans l’imaginaire collectif. Aujourd’hui encore, on en trouve des reproductions dans les salons bourgeois de la ville, témoignant de leur ancrage dans l’histoire et la perception d’une identité nationale. C’est à ce titre qu’elles figurent dans l’exposition permanente du Musée Draï Eechelen, installé dans l’ancien fort Thüngen au Kirchberg.

Près de deux cents ans plus tard, le photographe et réalisateur Yann Tonnar revisite et photographie les mêmes points de vue. À travers une technique de collage digital, il superpose ses photographies contemporaines aux lithographies originales. Ce photomontage met en lumière le passage du temps et l’irruption du monde moderne dans le paysage urbain : l’arrivée du train, de l’avion et de la voiture, le développement du tourisme, les chantiers incessants, les nouveaux quartiers, et, fait le plus marquant dans ce contexte : le démantèlement de la forteresse. Celui-ci fut décidé en mai 1867 par le Traité de Londres, et a permis à la toute jeune nation de garder son indépendance.

La cité transparente évoque à la fois un regard traversant et révélant les strates historiques de la ville, et la technique employée, qui joue sur la transparence des images superposées.

Ainsi co-existent dans une même image non seulement différentes époques, mais également différentes techniques qui renvoyent chacune à son époque : la lithographie et la photographie numérique. Sans oublier l’art du collage, qui a acquis ses lettres de noblesse au début du XXème siècle, parmi des artistes cherchant à traduire la complexité de la représentation du monde moderne. Les images composites de Yann Tonnar s’inscrivent dans une démarche similaire, et interrogent notre rapport à notre environnnement construit et déconsruit, à l’histoire et à l’identité collective.