Bibliothèque Nationale du Luxembourg

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Raymond Clement: le jazz à fleur de peau

curator(s): Esslingen Nadine


Raymond Clement était musicien avant de devenir photographe, il jouait de la trompette, du piano et de l’orgue, ce qui explique l’extraordinaire sensibilité qui ressort de ses portraits de « jazzmen ». On ressent l’effort de la création de la musique dans la combinaison des corps tendus couverts de sueur et des émotions irradiant les visages. Sa série débuta en 1970 : dépêché par Tony Krier au Festival de Wiltz, il photographia le monstre du Jazz Duke Ellington, et courut depuis lors, de caves de jazz en festivals pour prendre ses clichés sur le vif. Le titre de son exposition itinérante « Family of Jazz » qui voyagea jusqu’au Nevada en 1977 est un clin d’oeil à Steichen, qui l’a inspiré dans sa vocation. Au festival de Jazz à Berlin en 1964, Dr. Martin Luther King Jr. décréta dans son allocution: « Jazz speaks for life. […] This is triumphant music. » C’est également au Berlin Jazzfest en 1983 que Clement rencontra l’icône Miles Davis. Le style vestimentaire de ce dernier avait évolué des costumes seyants des années cinquante au style hippie inspiré en 1968 par sa femme, la chanteuse Betty Mabry (qui l’a également introduit au rock, initiant sa phase jazz-rock fusion) jusqu’au look psychédélique que Clement photographia. Pour rendre justice à cette tenue rouge écarlate, il lui fallut emprunter des pellicules couleur à un collègue, étant jusqu’alors dans le registre des portraits en noir-blanc. Grace à Davis on peut dire que Clement a commencé à photographier la vie en couleur. Miles avait été ravi de sa tournée en Europe, « […] les gens étaient heureux de me voir, et entraient vraiment dans la musique. » Il semblait avoir changé de personnalité après son passage à vide de 1975 à 1980 et donna aussi de nombreuses interviews dans chaque ville. Miles avait eu le talent de se réinventer à chaque époque en s’entourant toujours de talentueux musiciens. L’hommage de Clement à Miles se lira jusque dans le titre de son exposition « Miles & more … from Family of Jazz » en 2023. Quand on contemple les photos de Miles prises par Clement, on pense à la citation de George Wein: “Miles put the bell of his horn right into the microphone and changed the whole world of jazz.” Clement nous fait redécouvrir ces pointures du jazz, anciennes et nouvelles, avec des photos pleines de vie.