Avoir lieu
Une exposition de l’Institut français, Luxembourg
Postulant que toute mémoire visuelle est relative, personnelle ou historique, l’exposition “Avoir lieu“ porte sur le concept de mémoire pour images prévoyantes. Elle se déroule comme un parcours à double sens qui évoque l’histoire et l’actualité, à rebours et à venir, tout en étant toujours en cours.
Un court-circuit s’y crée : matériel documentaire et d’archive, photographies d’un réel qui existe déjà en tant que mémoire photographique, reconstructions virtuelles d’un état des lieux et collages profonds qui percent la mémoire des moments collectivement vécus se relient entre eux. Entre signes d’un temps passé et d’un futur proche imaginaire, se créent des passages circulaires et inspirés.
Dans le travail d’Auguste-Dormeuil, ce n’est pas une re-vision mentale du jour même ou du jour après, mais c’est le jour qui précède une date historique ou un fait d’importance qui intéresse l’artiste. Ainsi, il nous montre par exemple une reconstitution numérique de l’état du ciel avant le 11 septembre 2001. Normalement observés comme cadre de lecture d’un avenir, ses ciels étoilés vus en rétrospective se chargent d’une inquiétude absolue.
Laurence Aëgerter détourne l’image documentaire irrémédiablement figée dans les pages des textes encyclopédiques pour en restituer une expérience personnelle et circonstanciée. Le document photographique qui fixe la reconnaissance visuelle de notre savoir général ou plus spécifiquement de l’histoire de l’art comme dans Catalogue des chefs d’œuvre du Musée du Louvre, évoque, une fois substitué par l’artiste, une réinterprétation sans fin.
Bruno Baltzer et Leonora Bisagno réaliseront une nouvelle production pour l’exposition Avoir Lieu. Leur projet interroge le sens même et la fragilité de ce qui a lieu.
La médiatisation matérielle du monde qui se réalise dans le jeu du double des parcs d’attractions, style monde en miniature, est enregistrée poétiquement par Guillaume Janot. Dans ses images, les reproductions de ces lieux laissent à la photographie et au temps la véracité de leur existence.
Joël Bartoloméo présente des vidéos où l’histoire a la même raison d’être que l’Histoire.
A travers le temps, il nous pousse à relire les images.